Trois-Rivières, QC
Atikamekw, Wemotaci
Age 23
Dégénération d'une génération confrontée à deux nations. J'appartiens à l'une et à l'autre, je suis une atika-bécoise* qui souhaite s'engager face à ce qu'elle est, une métisse. J'ai une vie basée en milieu urbain. J'ai cette appartenance en terres éloignées, Wemotaci, la montagne d'où l'on observe. Assumer que par mes choix, je dois délaisser une de ces cultures. Il y a nikokom, il y a tcotco, et puis il y a moi, moi qui ne permettrai pas à ce sang de survivre. Une réalité grandissante, à laquelle nous devons faire face, et choisir. C'est le présent, aujourd'hui, en ce moment. C'est une réalité de métis. Mais je pense à nikokom. Nous connaissons une période d'éloignement. Une distance se créer avec nos aînés, eux qui ont tant de choses à nous transmettre. On m'a appris que l'on doit savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on ira. J'ai besoin d'apprendre, j'ai soif de cette connaissance, cette partie de moi que je veux honorer. Je dois saisir la chance que j'ai de nourrir cette culture en moi. C'est difficile, tout bouge si vite, tout se transforme sans même que nous ayons le temps de s'en apercevoir. Nous devons nous battre pour préserver ce que nous sommes et l'histoire se créer, de ce que nous avons à raconter.
Raconter, parler, partager. J'ai voulu représenter la réalité d'une langue fragile que l'on se doit de sauvegarder. Nikokom, avec qui je n'ai jamais eu la chance de discuter réellement, me fait réaliser que c'est une partie de moi que je ne peux pas entendre, et le temps passe. Alors je me sers de l'image, la photographie, pour me permettre de figer le temps, et donner à voir un espace trop présent qui sépare.
Je me permets de lui écrire, comme si elle pouvait comprendre, à quel point j'ai envie de changer cette réalité, et que je ferai ce qu'il faut pour y arriver. L'art me permet de dire, ce qui souvent ne peut être vu. Et dans ce cas-ci, l'art me permet de voir, ce que je ne peux lui dire.